50 Mouches/49 Flies

C’est une nouvelle pièce en développement. Elle a un double point de départ.

Premièrement, cela se situe dans la continuité de travaux d’ateliers et de performances, intitulés «Exercices d’animation», que j’ai commencés en 2009 (qui ont fait l’objet de plusieurs présentations publiques et ont donné le film «Triptyque»). Ce nouveau travail conserve le même réglage de mon logiciel de performance et permet le même style d’improvisation duquel résulte une approche non linéaire de l’animation. La performance est basée sur une structure de courts cycles imbriqués les uns dans les autres, au sein desquels des images sont enregistrées pour un court instant et sont rapidement effacées pour être constamment remplacées par de nouveaux dessins. Ces dessins sont faits davantage en fonction du processus combinatoire en cours qu’en fonction d’un quelconque développement linéaire, comme c’est habituellement le cas en animation. Trois boucles de longueurs différentes sont superposées et chacune d’elles est altérée par des changements de vitesse, de dimension, de direction des mouvements animés ainsi que d’ordre des images, le tout étant manipulé en temps réel parallèlement à la création des images. Il en résulte une expérience du «temps» très particulière, à la fois statique et vertigineuse.

Deuxièmement, l’improvisation visuelle sera accompagnée d’une trame sonore faite à partir d’un enregistrement de mouches emprisonnées entre les vitres d’une fenêtre double, qui m’a été fourni par le concepteur sonore Claude Beaugrand. É partir d’une piste d’une heure et demi, je compte constituer une trame sonore d’environ 30 minutes. Depuis longtemps, je voulais créer quelque chose de ce genre parce qu’il m’a toujours semblé boiteux de faire des performances solo avec de la musique enregistrée. Parfois même, on m’en a fait la remarque. Chaque fois, je craignais que l’on déduise que les musiciens n’avaient pu venir et que la musique enregistrée était un pis aller. Il me semblait qu’une trame non musicale me permettrait d’éviter ce malentendu. D’où une discussion avec Claude Beaugrand et cet enregistrement de mouches. Le caractère particulier de ces sons ouvre deux possibilités : ou bien j’utiliserai cette trame sonore pour des spectacles solo, ou bien, quand c’est possible, j’inviterai des instrumentistes à improviser avec les enregistrements de mouches pour des spectacles en duo.

La trame sonore apporte un élément thématique qu’il n’y avait pas dans Exercices d’animation dont le cadre visuel restait totalement ouvert. Ici, une référence aux formes des mouches et des insectes s’impose et, dramatiquement, il y a le confinement, la claustrophobie et la panique. J’imagine que cela aura un caractère un peu kafkaïen de métamorphose et d’enfermement.

 

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