Digital Scratch (Balade sur Blinkity Blank)

Clip de cinq minutes, Balade sur Blinkity Blank, à Annecy, 10 juin 2014.

Captation de la performance Balade sur Blinkity blang aux Sommets du cinéma d’animation à Montréal.

Liste des performance Digital Scratch


Cette performance a commencé par accident au club de musique improvisée Area Sismica à Meldola en Italie, le 3 octobre 2009. Il était prévu que j’y présente une version de Seule la main… en romanolo (le patois de la région) et une improvisation (dans l’esprit de mes Exercices d’animation) avec mon ami de Bologne Andrea Martignoni. J’avais reçu peu avant un message de Ariele et Gionni, les deux maîtres de Area Sismica, qui se désolaient de ne m’avoir jamais vu faire de la gravure sur pellicule en direct et je savais en outre qu’Andrea aurait plutôt souhaité jouer avec moi accompagnant de la gravure plutôt que mon travail avec dispositif informatique. C’est dans cette circonstance de sollicitations amicales que j’ai décidé de faire une performance composite, simultanément en gravure sur pellicule en direct et avec mon dispositif informatique qui depuis 2002 était devenu mon unique système de performance alors que je croyais avoir abandonné définitivement la gravure sur pellicule. Le spectacle fut très intéressant mais comme je ne pensais pas que ce dispositif allait avoir des suites, je l’ai catalogué dans la série des Exercices d’animation. Cependant les circonstances ont fait que j’ai rapidement revisité ce dispositif composite avec Stefan Smulovitz les 23 et 24 octobre 2009 au festival Sound Play à Toronto et avec Karl Lemieux le 4 décembre 2009 à la Cinémathèque québécoise à Montréal. Cependant, suite à la présentation à Vienne à la Stadt Kirche dans le cadre du festival Vienna Independent Shorts le 30 mai 2011, cette forme est devenue exclusivement réservée à ma collaboration avec Andrea Martignoni. C’est au festival Animator à Poznan en Pologne le 14 juillet 2012 que ce projet a pris le titre de Digital Scratch et s’est en quelque sorte détaché de la série Exercice d’animation. La version courante du projet, sous le titre Rolling over Blinkity Blank ou Balade sur Blinkity Blank, est un hommage à Norman McLaren à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance. Il s’agit d’une commande du Center for Contemporary Art, à Glasgow  où elle fut présentée le 1er juin. Elle fut reprise le 10 juin au Musée-chateau de l’agglomération d’Annecy en lien avec le Festival International du Film d’Annimation d’Annecy. C’est vraisemblablement sous cette forme que Digital Scratch va poursuivre son chemin dans le futur immédiat.

Comme mentionné plus haut, il s’agit d’une performance composite où j’interviens alternativement sur deux postes de travail. D’un côté, il y a le dispositif informatique que j’utilise habituellement pour mes performances d’animation en direct. De l’autre, il y a un projecteur 16mm dans lequel roule sans arrêt une boucle de film d’une longueur de 45 secondes. Je grave sur le segment de boucle qui se trouve temporairement à l’extérieur du projecteur jusqu’à ce qu’il soit tiré par la rotation des engrenages, je laisse aller et je continue le travail sur le segment nouvellement disponible à la manipulation. Et ainsi de suite jusqu’à ce que de façon cumulative la boucle entière soit couverte d’animation.

Ces images gravées sont projetées sur le même écran que les images venues de l’ordinateur via un projecteur vidéo. Pendant la performance qui dure une cinquantaine de minutes, je fais  constamment, sous la vue du public, l’aller retour entre les deux postes de travail. Cette combinaison ostentatoire de gravure sur pellicule et de dessin traité par ordinateur était tout à fait appropriée pour rendre hommage à Norman McLaren à la fois parce qu’avec Len Lye McLaren fut un des premiers praticien du travail direct sur pellicule et parce qu’en l’adjoignant à un  dispositif numérique on donne à cette technique archaïque  de la gravure une profondeur historique qu’André Martin a fort justement commenté en décrivant l’oeuvre de McLaren comme ouverte sur tous les cinémas possibles. C’est dans le même ordre d’idée qu’Andrea Martignoni crée la trame sonore en gravant des sons directement sur une boucle de film en mouvement, à la manière de McLaren.

La performance est faite à partir d’un certain nombre de thèmes visuels tirés du célèbre film Blinkity Blank de McLaren tout en adaptant au contexte du direct la savante pratique de l’animation intermittente qu’on trouve dans cette oeuvre mythique. Les références au film sont clairement identifiables tout en étant réinterprétée dans le système formel que j’avais élaboré avec les Exercices d’animation, système qui se trouve à son tour enrichi par les emprunts faits aux inventions clignotantes de Blinkity Blank.


Fiche technique.

Images fixes

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Digital Scratch à Poznan le 14 juillet 2012.

Captation complète de la performance Ballade sur Blinkity Blank