20 juin 2008.- Je suis rentré de Paris depuis deux jours. Avant mon départ, la rédaction de ma communication m’a demandé plus de travail que je ne l’avais prévu. Au moment de m’inviter à participer au colloque, Hervé avait suggéré qu’un travail à partir de ma communication de Faro (devenue Un cinéaste d’animation de la fin du cinéma) conviendrait. Ça paraissait facile puisque tout le propos était déjà plus ou moins élaboré. Cependant, la communication de Faro faisait cinquante minutes de lecture et pour le colloque de l’INHA, on me demandait 20 minutes. Il fallait donc éliminer complètement un certain nombre d’arguments et, en résumant ce que je conservais, cela donnait un exposé qui me semblait trop général et un peu ennuyeux.
Autre difficulté, j’allais me trouver essentiellement parmi des universitaires sauf Karim Ghiyati de la Cinémathèque de Corse et Marianne Khalili Romeo de l’Espace Magnan de Nice. C’était à priori assez intimidant. À Faro, ça avait été moins compliqué car comme il y avait également une performance et un programme rétrospectif de mes films, je donnais ma conférence inaugurale du colloque clairement à titre de «cinéaste invité d’honneur». Mon statut se trouvait de ce fait clairement établi. À Paris, le programme du colloque me désignait comme «cinéaste, théoricien du cinéma d’animation» ce qui était loin de clarifier la valeur particulière que ma prestation pouvait avoir. Je n’allais pas faire semblant d’être un chercheur d’université et pourtant il fallait bien que je me conforme d’une certaine façon au caractère de l’événement où j’allais intervenir.
Et comment assumer ce statut de «théoricien du cinéma d’animation» ? Le suis-je vraiment ou plutôt simplement un commentateur de mes propres oeuvres ? Bref il y avait une difficile question d’identité et de ton. Je suis arrivé à une première version avant de partir pour la côte du Maine avec Sylvie dimanche soir. En revenant de ces quelques jours de vacances, mon travail sauf la fin m’a semblé laborieux et ennuyeux. J’ai passé la veille de mon départ à retravailler tout ça. Ce que j’avais alors était mieux mais je n’étais pas encore complètement satisfait. Dimanche, le jour de mon arrivée, j’ai continué à modifier tout ça et advienne que pourra.
Il s’est trouvé que mon exposé était le plus théorique de tout le colloque et il n’a pas fait une impression identifiable chez les universitaires présents. Les commentaires sympas sont venus de Marianne et des étudiants de Hervé. Je m’y attendais un peu mais l’ensemble s’est passé dans un climat un peu morne et la plupart des contributions se contentaient d’être des inventaires de faits ce qui j’imagine est inévitable pour des gens engagés dans des activités de recherche. Mais dans l’ensemble, ça m’a tout de même semblé être un peu terne et manquer d’éléments susceptible d’alimenter une réflexion autour du thème du colloque. J’ai été assez frappé également comment de façon générale, dans les exposés, le cinéma était essentiellement considéré comme «phénomène de civilisation», c’est à dire hors toute considération de ce qui fait qu’une part de ce vaste corpus puisse être considéré comme un art ce qui dans un colloque qui se tenait dans un lieu d’histoire de l’art (l’INHA), me semblait surprenant. C’est sûr que pour moi la question de comment me situer «en tant qu’artiste» dans le vaste ensemble du «cinéma phénomène de civilisation» est infiniment reposée. C’est «la» question principale et elle était préalable à mon texte. De ce point de vue, j’étais le chien dans un jeu de quilles.
Quant à mon exposé, après coup je me rends compte qu’il y avait quelque chose d’un peu téméraire d’aller affirmer que le «cinéma classique» n’existe plus devant des gens qui passent leurs journées et leurs semaines à l’étude du cinéma classique. Je crois n’avoir pas assez expliqué ce que je voulais dire par là. É faire.
Au cours de ce bref séjour à Paris, j’en ai profité pour rencontrer Leda le Querrec du festival Sons d’hiver ainsi que Maria Palacios Cruz de l’Atelier Graphoui qui est venue de Bruxelles pour me rencontrer le jour de mon départ. Il est à peu près certain qu’en janvier 2009 il y aura présentation de Special Forces à La très grande bibliothèque à Paris dans le cadre de Son d’hiver, au Festival de Rotterdam et au Palais des Beaux-Arts à Bruxelles. Je ferai également un Master class d’une semaine sur le thème animation et documentaire à l’atelier Graphoui et peut-être Seule la main… en flamand.
Maintenant que je suis rentré à la maison pour de bon, j’ai entrepris, dans la suite de ma conférence, la lecture attentive et très éclairante des écrits d’André Martin (André Martin, écrits sur l’animation.1, rassemblés et commentés par Bernard Clarens, Dreamland éditeurs, Paris 2000). Plus à venir la dessus.