Jeudi et vendredi dernier, le mixage du son de l’installation a eu lieu avec Luc Boudrias aux studios de Vision Globale à Montréal. Ce furent deux journées absolument passionnantes. C’est un mixage qui, à l’image du montage sonore lui-même, présentait des difficultés singulières. Nous n’avions évidemment pas le choix de mixer les quatre bandes une par une mais ce faisant, à cause de la structure même de l’installation, nous ne pouvions pas entendre l’intégralité de ce qui allait se présenter aux oreilles des spectateurs. Jamais les bandes ne seront entendues séparément, une par une, il s’agira toujours de l’addition de quatre bandes différentes qui en plus seront dans une relation toujours différente. En réalité, il faudrait 1120 années pour que les quatre boucles retrouvent leur état initial. Entretemps, la combinaison des sons sera constamment différente et en constante transformation.
Berlin – le passage du temps / 6/02/2014
Pourquoi Berlin? D’une certaine façon, la question ne se pose pas car toute les villes et tous les lieux sont potentiellement qualifiés pour des tournages «Lieux et monuments». Mais tout de même, il y a une histoire et des circonstances derrière le fait que j’ai fait tous ces tournages à Berlin. Il faut dire que cette ville m’attirait particulièrement et me semblait un endroit rêvé pour la série «Lieux et monuments», principalement à cause de sa densité historique tout à fait singulière. En effet sur une durée relativement courte, disons depuis la République de Weimar, il y a eu un enchaînement particulièrement dense de bouleversements politique entrainant chaque fois son lot de destruction et de reconstruction : la venue au pouvoir du national-socialisme, la deuxième guerre mondiale, la division entre Berlin-Est et Berlin-Ouest, le blocus de Berlin-Ouest et el pont aérien, le mur de Berlin et finalement la réunification. Mais il ne me suffit pas d’avoir de si bonnes raisons de tourner pour que ça fonctionne. En 2012, je suis allé à Berlin pour une première fois et je n’ai rien trouvé à tourner qui corresponde à l’esprit diagonal de «Lieux et monuments». Tout ce qui avait trait à cette histoire pourtant intéressante me semblait d’emblée stéréotypé. Je n’allais tout de même pas filmer le défilé des touristes à Check Point Charlie et à la Porte de Brandebourg. La suite s’est jouée à Vienne et à Lisbonne.
Berlin – le passage du temps / 04/02/2014
Pourquoi moi, cinéaste, je décide de faire une installation vidéo (pour la deuxième fois). La première réponse est la même que ce qui m’a amené, il y a bientôt 25 ans, à commencer à faire des performances d’animation en direct. C’est une raison très pragmatique qui a à voir avec ma profonde insatisfaction quant à la diffusion de mes films. Je fais des objets qui ne trouvent pas le chemin qui prennent «normalement» les films, dans les salles de cinéma ou à la télévision. Ce sont des courts métrages, pas tout à fait des films d’animation, pas tout à fait des films expérimentaux, pas tout à fait des documentaires. Ils ne correspondent à aucun réseau. Je ne peux pas m’en plaindre car c’est bien délibérément que je fais les films que je fais. Alors toute piste qui me permet de trouver des publics et de montrer mon travail de façon singulière est bienvenue même si cela m’éloigne du dispositif du cinéma (tel que défini par Raymond Bellour) et me place dans une situation encore plus singulière, peut-être encore plus isolée.