Paris-Perugia-Rome-Bologna

Du 16 septembre au 4 octobre, voyage à Paris, Perugia, Rome, Bologne et Meldola (Forli) pour une série de performances. Le workshop et la nouvelle création «Living Cinema» avec Bob, à Perugia sont le centre du voyage. Des performances en solo, se sont ajoutées à Paris, Rome et Meldola. Elle sont importantes pour l’installation vidéo «Seule la main…» à la Cinémathèque québécoise pour laquelle j’ai maintenant besoin de douze versions en autant de langues différentes.

20 septembre, Paris

Arrivé à Paris jeudi matin. Contrairement à ce qui était annoncé, il fait beau. L’après midi, à la Butte aux Cailles, entrevue avec une étudiante de Georges Sifianos en rapport avec son mémoire de fin d’étude sur le «cinéma d’animation documentaire». Cela m’a permis de revenir sur les questions qui m’avaient occupées l’an dernier au moment du workshop à l’Atelier Graphoui à Bruxelles.

Vendredi matin, c’est une entrevue pour l’édition DVD française de La Plante humaine avec Freddy (Freddy Denaës qui fut le coproducteur français du film) et Gaël (Gaël Tescher, le collaborateur de Freddy chez P.O.M. Films et aux Éditions de l’Éil). C’est joyeux et amical et on déjeune ensemble après. Fin d’après-midi, je vais m’installer au théâtre de la Vieille Grille pour la performance du soir. Il s’agit de reprendre la tentative de février dernier qui à cause de mes disponibilités limitées, avait dû être programmée à un mauvais moment. Cette fois-ci, le jour et l’heure sont plus favorables (vendredi soir, 21H :00). Heureux comme toujours de retrouver Anne (Anne Quesemand, co-scénariste de La Plante humaine). Avec les coupures de subventions du régime Sarkozy, le théâtre est devenu un vrai fardeau pour elle et Laurent. Hélas, ce soir là non plus il n’y a pas grand monde, que des amis. Cela et une série de mini problèmes techniques brouillent ma concentration et la performance (Seule la main en yiddish et Exercice d’animation) est, à mon avis, plutôt médiocre. J’aurais voulu mieux faire pour les amis. Cela me déprime un peu. Je saurai plus tard que Marianne et Nicolas qui me voyait en spectacle pour la première fois ont été très impressionnés. Mais je ne pense pas que cela change mon jugement. En fin de soirée, couscous avec Hervé et Marianne. Moment joyeux et amical encore, mais on discute longuement de la dérive actuelle de la vie culturelle même (et surtout, peut-être) à gauche.

Samedi très longue marche à travers Paris par un temps superbe. Première étape, de la rue du Faubourg Saint-Martin où je loge jusqu’à la rue des Écoles. Rencontre avec Nicolas (un doctorant d’Hervé qui était à La Vieille grille, la veille) au sujet d’André Martin. Je devais lui donner le DVD des entrevues que j’ai faites mais je l’ai oublié à l’appartement. Je lui fait quant même longuement rapport des entrevues avec Pierre Juneau, Mary Wilson et Robert Daudelin et des pistes de recherche qui s’en dégagent. Je lui posterai le DVD en Italie. Deuxième étape, je fais le tour habituel de mes librairies (Compagnie, La Hune, l’Écume des pages), je n’achète pas trop de livres car mes bagages sont déjà lourds. Ensuite, la rive droite par le pont des Arts, le jardin des Tuileries où il y a foule, puis visite à l’expo en cours au Jeu de Paume, de belles images de photographes documentaristes britanniques que je ne connaissais pas. Ensuite la FNAC des Halles. Cette librairie est devenue complètement déprimante, uniquement un supermarché du livre, plus aucune possibilité de découvertes. C’était déjà quant même un peu comme ça, mais un seuil a été franchi. Je crois bien que c’est la dernière fois que j’y mets les pieds.

Diner seul dans un resto indonésien puis je rentre à la maison. Rebuté par la faune nocturne de l’esplanade des Halles, une impression de violence latente. En fait, toute la journée, je me suis senti vaguement agressé par l’atmosphère actuelle de Paris, l’impression d’assister à une grande foire particulièrement superficielle du «paraître», de constamment avoir à me demander Qui a-t-il derrière ce «look» ? Que du «look» ? L’envie d’être gris et invisible pour échapper à ce qui m’apparaît comme un tourbillon du vide. Un peu déprimé, tout de même, par cette journée par ailleurs magnifique où j’ai fait ce que j’aime faire à Paris. Aujourd’hui, avion pour Florence. Le véritable travail commence.

26 septembre, workshop à Perugia

Très pittoresque petite ville, la partie historique est située sur une colline qui domine le paysage environnant, et est entourée de fortification étrusques, romaines et médiévales. Les bâtiments de toutes les époques sont empilés, construits les uns par dessus les autres, il y a plein de petite ruelles qui deviennent des escaliers dans les pentes abruptes. Sous l’ancienne forteresse des papes, une ville détruite, devenue souterraine. C’est un enchantement toujours renouvelé que de se promener dans ce dédale de petites rues.

Le workshop et les répétitions ont lieu au Conservatoire, dans un ancien couvent. Le studio de musique électronique où nous sommes installé pour travailler est bien équipé et nos conditions techniques sont très bonnes. C’est un peu acrobatique par moment de faire à la fois le workshop et la préparation de la nouvelle pièce. En principe, la chose est résolue par le fait que l’élaboration de Home fait partie du workshop et que les participants peuvent nous regarder travailler et suivre l’évolution du travail. Mais ce n’est pas si simple, Bob a encore une fois beaucoup de programmation à faire et ce n’est pas un spectacle très palpitant que ne l’observer, prostré devant son ordinateur. Mais dans l’ensemble ça va. Les participants ont l’air contents. Ils ont accès à une pratique et à des idées qu’ils n’ont visiblement pas souvent l’occasion de croiser. Bob, en particulier a fait une présentation très impressionnante sur l’histoire de l’improvisation.

Quant à moi, je leur ai proposé de faire de courts exercices d’animation enchaînés, les uns après les autres, sans qu’ils aient à apprendre à utiliser mon logiciel, ce qui serait impossible dans la courte période dont nous disposons. Donc, après leur avoir montré Triptyque (c’était à vrai dire la première projection «publique» qui a été reçue avec un intérêt auquel je n’osais pas m’attendre) après avoir expliqué la structure de base de mon «patcher Max Jitter» ainsi que la configuration particulière que j’utilise pour les Exercices d’animation, je leur ai fait faire des exercices d’animation. Ils n’avaient qu’à dessiner alors que j’assurais le mixage numérique des images.

Cependant, ce ne fut pas sans difficultés et je me suis vite rendu compte que, de façon générale, mes explications introductives avaient été trop théoriques et surtout beaucoup trop sommaires en ce qui concerne le principe même de l’animation. La plupart ont donc été complètement mêlés, terrorisés par la nécessité de coordination des différentes opérations (dessiner, capter une image, effacer) afin de ne pas photographier leur mains. Ils ont trouvé cela assez et même très difficile, difficulté dont évidemment je ne me rends plus compte. Mais ils se sont quant même bien amusé et semblent en avoir tiré quelque chose. Je crois que cet exercice est valable mais il doit être mis au point. Je ne dois pas oublier que je suis devenu une sorte de virtuose de cette activité et ne rien tenir pour acquis même si ce qui est proposé me parait assez simple à réaliser. Il est absolument nécessaire que je donne des explications plus concrètes, des consignes plus précises et, encore une fois, des explications de bases au sujet du principe de l’animation.

Il y a donc véritablement la possibilité d’un atelier de quelques jours avec un groupe de dix à quinze personnes : d’abord donner des explications de bases, faire une premier exercice uniquement centré sur l’animation, ensuite expliquer les exercices d’animation, faire un performance pour eux, montrer Triptyque, puis seulement ensuite proposer l’exercice d’animation non linéaire à plusieurs couches, en plusieurs tours, si il y a le temps.

28 septembre 2009, Pinieto, Rome

Je suis maintenant à Rome où j’ai été acceuilli par mon ami Piero Pala et son associé Juan. Arrivée dimanche, visite du club INIT où aura lieu la performance de mardi, un endroit sombre normalement consacré au rock «hard core» mais qui convient tout à fait. Ce matin (lundi), je suis tranquillement assis au café Necci dans le quartier Pinieto où je loge. C’était le café où Pazolini avait ses habitudes. Une photo du poète/cinéaste trône d’ailleurs sur un des murs, également une photo de Barack Obama qui a visité ce lieu, et aussi John et Yoko, en d’autres temps. C’est un endroit modeste mais célèbre. Une grande terrasse ombragée, sous les arbres, très agréable.

À Perugia, la performance s’est finalement bien déroulée. Bob, qui a passé la semaine à reprogrammer son patch, a réussi une fois de plus à me terroriser car c’est toujours une entreprise très risquée que de modifier le logiciel juste avant une performance. La durée du travail et surtout la durée du «déboggage» est totalement imprévisible. Étant donné la complexité de la pièce, il était absolument nécessaire que nous fassions une répétition véritable vendredi. Et vendredi midi, tout était encore au point zéro. Je ne sais trop par quel miracle nous avons finalement fait deux répétitions ce jour là. Nous étions donc près pour le samedi soir. Éa s’est déroulé sans accroc majeur, sans erreur de déroulement. Nous étions dans un beau théâtre tout neuf (le théâtre Bertolt Brech de San Sisto) et le parterre était presque plein (au delà de deux cents spectateurs). Avec la maison de poupée bien éclairée et sa reproduction à grande échelle sur l’écran, l’image scénique était très réussie. L’effet microcosme/macrocosme n’a jamais été si net. Le début de la pièce avait beaucoup de caractère et la deuxième moitiée aussi, mais il manquait la maîtrise de la courbe d’ensemble, trop intense trop vite et des moments plats ensuite. Je crois que cela était surtout dû aux difficultés techniques liées à l’usage de téléphones cellulaires pour faire du «feed back» dans un lieu où les télécommunications fonctionnaient mal. É en juger par notre répétition de la veille, ça aurait dû être un point fort et c’est tombé à plat.

Nous avons été gratifiés d’applaudissements nourris et enthousiastes. Les adieux avec les participants du workshop ont été très touchants.

30 septembre 2009, dernier matin à Rome au café Necci.

Dernier jour à Rome, je commence à bien aimer ce quartier qui n’a rien de pittoresque (si je compare au centre historique de Perugia) mais qui est très vivant. C’est un ancien quartier ouvrier repris par les artistes sans le sou, quadrillé par les voies ferrées qui convergent vers la station Termini. Adieu à Pinieto (plutôt qu’à Rome où je n’ai pas tout à fait l’impression d’être, je n’en connaissais à vrai dire que le centre et les lieux célèbres). Au café Necci, après trois jours, je commence à être un habitué. Ce midi, train pour Bologne pour rejoindre mon ami Andrea, un autre changement de monde, après Paris, Perugia et Pinieto. J’aime ces changements rapide d’un univers à l’autre.

Lundi, j’ai quand même fait une promenade au cÉur de Rome avec une des participantes du workshop de Perugia. Je suis allé jusqu’à la piazza Campo dei Fiori pour de nouveau filmer la statue de Giordano Bruno. J’y retourne toutes les fois, c’est une sorte de pèlerinage (comme pour Le combat avec l’ange de Delacroix à l’église Saint-Sulpice, à Paris). Cette fois le marché était en cours, j’ai filmé avec ma camera FlipVideo HD.

Hier, mardi soir, c’était la performance au club INIT, coincé entre les voies ferrées et l’aqueduc romain. Ça a un peu mal commencé car les conditions d’éclairages n’étaient pas bonnes et j’ai dû me débrouiller avec les moyens du bord. J’ai eu beaucoup de mal à bien ajuster tant les réglages vidéo dans l’ordinateur que l’iris de la lentille. Suite à de pénibles expériences, je sais qu’il faut que je me donne la peine de bien faire ces réglages parce qu’autrement je souffre pendant toute la performance de la mauvaise qualité de l’incrustation des différents niveaux d’image et je perds ma concentration. En outre, au cours de ce processus un peu laborieux, le logiciel a «perdu» le signal de la caméra à plusieurs reprises.

J’étais donc plutôt inquiet tant de mes réglages de lumière que de la fragilité apparente de la communication entre l’ordi et la caméra. Avant la performance, il y avait une célébration d’anniversaire sur la terrasse du club. Je m’en suis retiré assez rapidement pour prendre le temps de me recueillir, de conjurer mes inquiétudes et trouver un peu de concentration. C’était assez étrange car le lieu est divisé en deux sections, une partie «bar» avec des tables et une partie «spectacle» avec la scène et un grand espace vide normalement utilisé pour danser, je suppose. C’est là que je me suis retiré. La large ouverture entre les deux espaces était bloquée par une rangée de chaises. La partie «bar» était de plus en plus achalandée à mesure que l’heure du spectacle approchait et j’était comme une bête en cage à marcher de long en large, de l’autre côté, sous les yeux de tous ces gens. Mais la convention des deux espaces distincts a tenu, j’ai pu oublier les problèmes et trouver la concentration.

La suite a été super. Le public était nombreux et attentif. Seule la main… en «romanesco» a été très contrôlé (et je sais maintenant qu’il doit en être ainsi pour cette pièce). C’était la première fois que je faisais Exercice d’animation devant public (à cet égard le minuscule public d’amis de la Vieille grille ne comptait pas en tant que «public») et l’exécution en a été déchainée. Je ne me suis jamais tant laissé emporter dans le cours d’une improvisation. Une vrai impro au sens profond du terme sous tension maximum. Lorsque l’espace d’un court instant, je prenais un petit recul, j’étais estomaqué par ce que je voyais sur l’écran. É la fin j’étais détrempé de sueur, lessivé et le public était assez délirant. J’étais ravi, ce fut une sorte de petit triomphe. J’étais heureux de constater que tout ce travail d’atelier depuis avril donnait finalement quelque chose de convaincant.

Bologna, samedi le 3 octobre

Après deux journées calmes et détendues chez Andrea à Bologne, aujourd’hui c’est la journée de la performance à Area Sismica, à Meldola près de Forli. Éa sera assez spécial. En première partie, je ferai Seule la main… en romagnol, ça c’était prévu. Mais en deuxième partie, en duo avec Andrea, je ferai un truc complètement imprévu. Gionni m’avait prié de faire une démonstration de gravure sur pellicule en direct, ce que je n’ai pas fait depuis 7 ans. J’ai accepté de reculons d’en faire un petit bout. À Perugia, je me suis souvenu que Jean Derome m’avait déjà suggéré de faire simultanément (ou plutôt alternativement) un travail par ordinateur comme je fais habituellement et de la gravure sur pellicule, projetant les deux sources sur le même écran. Alors, quant à faire, j’ai décidé de faire ça, ce dont Andrea est bien content car il toujours voulu remettre le duo avec de la gravure sur pellicule que nous avions fait ensemble à Milan en 2000. Éa risque d’être assez fou mais tout le monde comprendra que c’est une tentative de circonstance.

Aéroport de Bologne, dimanche 4 octobre

Aujourd’hui, journée de voyage, Bologne-Paris-Montréal. Retour à la maison bien mérité.

La journée d’hier a été pleine de rebondissements techniques, à vrai dire j’ai frôlé la catastrophe mais pas celle que j’appréhendais. Andrea et moi sommes arrivés assez tôt à Meldola, reçu très amicalement par Gionni et Ariele (hélas Gionni ne sera pas là pour le spectacle, il travaille ce soir là). L’installation posait certains problèmes à cause de mes deux postes de travail (ordi et gravure sur pellicule), le rapport des focales des deux projecteurs, vidéo et 16 mm, et la dimension du lieu lui-même. Nous avons dû nous installer au fond de sorte que le public n’allait pas pouvoir nous voir et allait avoir un rapport abstrait avec l’écran. Ce que j’essais toujours d’éviter, mais nous n’avions pas le choix. Encore une fois (à toute fin pratique c’est toutes les fois), le réglage de l’éclairage de ma surface de dessin n’a pas été facile. Il y avait des projos mais ils n’étaient pas assez puissants. Finalement, je devrai me résoudre à transporter le petit projecteur Par 20 que j’ai acheté récemment. Heureusement, il est petit et léger. Cela va à l’inverse de mon effort de transporter le moins de choses possible mais cette question d’éclairage est un problème chronique, alors ça vaut la peine que je sois complètement autonome sur ce plan.

Mais les vrais problèmes étaient à venir. Dans l’après-midi, Andrea et moi avons répété distraitement, tout semblait aller bien, mais tout à coup, mon «patcher» s’est mis à avoir des comportements erratiques au niveau de la vitesse et d’une sorte de contamination des «buffers» entre eux. Des images en principe effacées, revenaient plus tard dans le désordre. Je n’ai toujours pas compris. La seule chose qui pouvait être essayée dans l’immédiat, c’était de remplacer ce «patcher» contaminé (?) par une version fraiche. Mais je n’avais pas pris avec moi le disque dur qui aurait permis de faire cette opération. É 19H:00, grâce à la bonne volonté d’Andréa, nous avons pris la route pour aller chercher ce disque dur à Bologne. Retour à Area Sismica à 21H:30. Le spectacle était prévu à 22H:00. Une grande partie du public était déjà sur place.

J’ai remplacé le «patcher» sans prendre le temps de le vérifier parce qu’un autre problème (le iPod Touch qui lui aussi faisait des siennes depuis l’après midi) que je croyais réglé, a rebondi. Je n’arrivais plus à démarrer le logiciel OSC Touch qui me sert d’interface de contrôle et certaines fonctionnalités ne sont accessibles qu’à partir de cet outil. É 10H:00, rien n’allait plus. Finalement avec un peu de patience, le iPod à accepter de fonctionner à 10H :05 et j’ai commencé Seule la main.. en romagnole, à 10H:10 sans même une minute de recueillement de peur que tout ne se mette à flancher de nouveau si je laissais l’appareil inactif trop longtemps.

Ça a été plutôt bien compte tenu de l’inquiétude qui pesait sur moi. Mais je manquais de détente et j’ai fait une faute d’orthographe stupide («scrivo» plutôt que «scrivar») et je m’en suis rendu compte trop tard. La performance était plutôt réussie je crois mais inutilisable pour l’installation. Comme plusieurs autres, je devrai la refaire en atelier. Je ne manquerai donc pas de pratique pour Winnipeg. Par contre, au moment d’entreprendre Exercice d’animation (avec de la gravure sur pellicule en direct incorporée), j’avais un peu oublié les problèmes techniques, le «patcher» et le iPod avaient tenu le coup fidèlement et nous avons enchaîné rapidement.

En principe, cette deuxième partie était plus stressante, plus difficile, et plus périlleuse que Seule la main…, étant donné l’alternance des deux techniques et le fait que je n’avais pas fait de la gravure en direct depuis 2002 (ni gravure sur pellicule tout court d’ailleurs). Mais par une sorte de miracle, j’avais retrouvé la confiance et ce fut complètement réussi. Le même état de grâce qu’à Rome. Andrea et moi nous sommes sentis bien tout le long des 45 minutes qui sont passées comme une balle. Je n’ai pas tout vu de la combinaison gravure sur pellicule/animation à la plume feutre traitée par ordinateur, mais quand je levais la tête pour regarder l’écran, ça semblait assez réussi. D’ailleurs le public a réagi avec un enthousiasme débordant.

C’est clair que les Exercices d’animation me réussissent bien ces temps-ci., si c’était possible je ferais des performances tous les soirs. Le jeu avec les différents «buffers» de capacités différentes m’est devenu très naturel et très fluide, il permet de belles inflexions et un déroulement très dynamique et plein de surprise. J’éprouve une vraie satisfaction à ne travailler qu’avec du matériel fait sur le champ et à ne plus avoir à prendre trente ou quarante minutes avant les performances pour charger les «buffers». Je commence également à mieux contrôler la coloration en dessinant des courbes atypiques sur les trois petits graphiques RGB. Avant je faisais cela à l’aveuglette sans aucunement pouvoir prévoir le résultat, Hier soir, certaines images étaient vraiment spectaculaires sur le plan de la couleur.

Après la performance, nous sommes restés assez longtemps sur place à boire un coup, manger la pasta (nous avions raté le diner prévu à 20H:00), er à bavarder. Question de laisser tomber l’adrénaline. Nous sommes revenus à Bologne à 3H:00 du mat. plutôt claqué. Levé à 8H:00 ce matin, pour faire mes valises, les traits un peu tirés mais satisfait. Je dormirai dans l’avion.

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