Début de l’année 2011, c’est le temps de faire un peu le point. Au cours des derniers mois de 2010, mon travail a pris une tournure un peu inattendue en ce sens que le projet «49 Flies» s’est mis à occuper une place de plus en plus importante. Initialement, le projet de performance a été le résultat d’un événement tout à fait fortuit, du fait que Claude Beaugrand m’a donné ces enregistrements de mouches emprisonnées entre les deux vitres d’une fenêtre double. Autrement, je ne crois pas que l’idée me serait venue de travailler sur les «mouches». Les choses sont allées plus loin suite à l’intérêt exprimé par le Vidéographe pour une nouvelle performance destinée à être vidéostreamée dans le but de faire la promotion de mes films.
Ce projet est mort né pour cause de changement majeur d’orientation au Vidéographe. Mais, j’avais déjà commencé le montage d’une trame sonore à partir des enregistrements et j’avais déjà proposé à Lori Freedman qu’on travaille la dessus ensemble. Entretemps j’avais également suggéré à Stefan Smulovitz qu’on tente une première présentation en duo à Roberts Creek, au mois d’octobre dernier, en deuxième partie de la pièce «Roberts Creek». Éa a été si bien reçu que nous avons decidé sur le champ de presenter «49 Flies» plutôt que «Roberts Creek» comme prévu au festival Vancouver New Music à Vancouver, avec une bonne réaction du public dans ce cas aussi. Je l’ai ensuite présenté en solo au festival d’animation de BanjaLuka en Bosnie et au Holland Animation Film Festival à Utrecht. Dans les mois qui viennent, je le présenterai en solo à Amiens en France, et au Eastern Block à Montréal, puis au Festival Beirut Animated (en duo avec le trompettiste Mazen Kerbash). La performance avec Andrea Martignoni à Vienne, en juin, risque fort d’être un dérivé de «49 Flies» sous une forme quelque peu différente. Il y a également déjà un projet de présenter la performance à Lisbonne en mars 2012.
Parallèlement à tout ça, j’ai commencé à faire des dessins inspirées par les performances. Il y a eu une série de dessins à la gouache (voir la galerie Moody Beach) et surtout une série de dessins au pastel sec (voir la galerie mouches). Dans ce cas, j’ai l’intention d’en faire une série de 49 dessins, à cause du titre de la performance. J’en suis rendu à 31 dessins mais une sous-série est apparue aujourd’hui à partir de la photo d’une mouche morte prise ce weekend. Également, au début, il s’agissait de petit dessins du genre de ceux que je fais depuis l’hiver dernier (des formats carrés de + ou ‘ 125 cm de côté), mais récemment ils sont devenus plus grand jusqu’à presque remplir la feuille de 230cm x 290 cm. Il est clair que je vais devoir bientôt utiliser des formats plus grands et vraisemblablement changer de medium car le pastel sec ne conviendra plus. Éa deviendra plus de la peinture que du dessin, processus qui déjè un peu entammé meme en petit format.
Je ne sais pas où tout ceci va aboutir. Le projet est né fortuitement, il s’est développé sous l’impulsion de certaines circonstances et, sans doute, aussi à cause de la reception intéressée du public, sans que je sache encore quel sens se cache derière ce travail sur les mouches et derrière ces reactions des spectateurs. Certainement un mélange de fascination et de repugnance, quelque chose de facétieux et de grave. Une métaphore se construit, qui n’est pas encore arrivée à terme. Je suis entrainé dans un travail qui déborde constamment. C’est déroutant mais excitant. Je crois qu’il y a quelque chose de fort qui se dessine.