ll y a longtemps que je n’ai pas écrit ici. Je fais donc brièvement de point sur les presque quatre mois qui se sont écoulés depuis la dernière entrée.
Il faut dire que la période a été marquée par une grande indécision quant à ce à quoi je devrais consacrer mes énergies, plus particulièrement quel film je devrais faire. À ne pas me décider ainsi, j’ai raté les échéances pour les demandes de bourse de production au Conseil des arts et au Conseil des arts et des lettres du Québec. J’ai ainsi repoussé à plus tard l’idée de faire un film avec les images tournées à Mingan l’été dernier (ce qui aurait permis de donner une sorte de suite à Herqueville dans la perspective d’une éventuelle trilogie sur les rapports paysage et soif d’énergie). J’ai également hésité quant à la possibilité de travailler à partir des images que j’ai tournées au Japon, à Faro (Portugal) et à Buenos Aires (sur le thème des «lieux» qui reste toujours une piste ouverte pour moi). Pourtant je n’ai pas d’engagement pour des performances avant le mois d’octobre prochain, ce qui me donne une période de temps continue pour me concentrer sur un nouveau film et ainsi avoir quelque chose de prêt pour le Festival du nouveau cinéma. Mais j’ai laissé le temps filer. Le fait est, et peut-être est-ce une question d’âge, que je sens la nécessité de m’engager dans quelque chose qui m’apparaisse suffisamment «important». Comment juger de cela ?
Faute de me décider sur un projet de film précis, j’ai quant même fait des choses utiles. J’ai passé pas mal de temps à mettre au point le dossier de présentation de l’installation vidéo «Seule la main…» et à entreprendre quelques démarches pour tenter de présenter le projet de nouveau. J’ai également traduit en anglais (une traduction laborieuse et bien imparfaite qui m’a prise beaucoup de temps) mon long texte programmatique «L’idée de l’animation et l’expression instrumentale». Elle devra ou bien être corrigée en profondeur ou même être totalement refaite. Mais il était nécessaire que ce texte soit disponible en anglais.
Au cours d’un voyage à Vancouver, j’ai présenté Triptyque à des étudiants de UBC Kelowna et du Emily Carr University of Art and Design. J’ai refait ça il y a quelques semaines au Dum Umeny (La maison de l’art) à Brno en République Tchèque. Je me rends compte que je le fais avec beaucoup de conviction et que, même si c’est un film extrême et difficile, je réussis chaque fois à intéresser quelques étudiants bien allumés. Je vais chercher les occasions de continuer à faire cela.
J’ai également commencé à dessiner un peu chaque jour car je devais fournir quelques dessins à Jozef Cseres à Brno pour une exposition à laquelle j’avais accepté de participer et aussi à Pascal Vimenet pour un no spécial de la revue Passage d’encre consacré au cinéma du XXIième siècle. Finalement cette activité a pris une ampleur à laquelle je ne m’attendais pas et c’est devenu mon activité principale dans les semaines qui ont précédé le départ pour Vienne et la Tchéquie. Cela a donné un nombre considérable de dessins dont on peut voir une sélection ici. Et ce n’est pas terminé, je crois.
Au cours du récent voyage, outre la présentation publique à Brno, j’ai fait un tournage à Prague autour d’un bas-relief «réaliste socialiste» un peu oublié sur une des voies d’accès de la gare d’autobus de Florenc. Le bas relief représente deux ouvriers monumentaux travaillant à assembler une charpente de fer. Dans le genre, il est pas mal du tout ! J’ai donc tourné en plan fixe les voyageurs flânant, déambulant devant cette Éuvre qui ne signifie plus grand-chose même si elle témoigne d’un passé récent. Je suis très content du tournage et ça sera mon premier d’une série de films sur les «lieux» (un lieu étant un morceau d’espace-temps arbitrairement défini par le cadrage d’une caméra et la durée du plan unique, où il finit inévitablement par se passer quelque chose). J’ai même pris sur moi d’annoncer ce film pour la fin de l’été au Festival du nouveau cinéma.
Au MUMOK (Musée d’art moderne de Vienne), j’ai vu une exposition passionnante sur l’art et la télévision (Changing Channels) qui fait contrepoids aux documents que j’ai trouvé concernant le travail de recherche d’André Martin au cours des premières années du «Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes» (CRTC) (une autre activité de ces derniers mois). Ces deux pôles vont me servir de point de départ pour le texte que je dois soumettre à Passage d’encre.
Voilà, cette période m’a paru un peu dispersée mais elle a finalement été assez féconde. Et les mois qui viennent trouveront peut-être un foyer plus défini.