Depuis quelques temps, j’ai entrepris la lecture du nouveau livre de Georges Didi-Huberman, La ressemblance par contact. C’est un livre sur le moulage et toutes les formes de reproduction ou de production d’images à l’aide de technique de contact direct ou d’impression. C’est fort intéressant. Ce qui a le plus attiré mon attention, ce sont d’abord les commentaires sur la sculpture Judith et Holopherne de Donatello où des éléments moulés sur le vif sont associés à d’autres éléments sculptés à la main. Cela m’a fait penser à l’idée d’«expression instrumentale» développée par André Martin dont il disait qu’elle avait un histoire millénaire mais sans rien préciser de cette histoire. Ce que Didi-Huberman désigne comme «audace euristique» et «ouverture du champ technique», sa référence aux «chaînes opératoires», qu’il oppose à la notion toute intellectuelle du «disegno» chez Alberti, me semble pouvoir faire partie de cette histoire millénaire de l’expression instrumentale.
Exercices d’animation non linéaire
À la suite de mon récent texte sur «l’idée de l’animation», j’ai eu l’idée de faire des performances d’atelier à l’aide d’un dispositif d’animation assez radical qui en fait me ramène à l’origine même de mes performances informatisées, les cycles décalées. L’idée initiale consistait à établir un très petit «buffer» (j’ai essayé 24, 18 et 16 images), suffisamment petit pour que très rapidement il soit rempli d’images et que toutes les captations d’images subséquentes s’enregistrent en effaçant successivement les images inscrites les plus anciennes. Il en résulte que ce petit stock d’images est en constant et rapide renouvellement.
Rencontre avec Pierre Juneau
Hier, j’ai rencontré Pierre Juneau au sujet de l’épisode canadien de la vie d’André Martin. Ce fut une rencontre très sympathique et très féconde. Voici la note que je viens d’envoyer à ce sujet à mon ami Hervé Joubert-Laurencin et à son étudiant au doctorat Nicolas Thys :
«J’ai eu une conversation de deux heures (à bâton rompu) avec Pierre Juneau hier après-midi. Il était très enthousiaste de pouvoir contribuer à une recherche sur André Martin qui a été un ami proche pour lui et pour qui il entretient toujours la plus grande admiration. La conversation a été enregistrée.
Le premier fait important de tout cela est qu’André Martin est venu au Canada la première fois en 1961 pour une rencontre internationale de cinéastes organisée par le Festival international du film de Montréal (auquel Pierre Juneau, alors directeur de production à l’ONF, était lié). Pierre Juneau connaissait ses articles des Cahiers sur McLaren qui l’avaient étonné et c’est sur la forte suggestion de Claude Jutras qu’il a invité Martin à cette rencontre. Ils sont devenus amis proches à cette occasion. Pierre Juneau m’a confirmé qu’à cette date André Martin était déjà intéressé par les travaux de Marshal MacLuhan et par toute la question de la télévision et de la mutation de ce qu’il appelait «les communications sociales». Avant cette conversation, la première mention que je connaissais de ces préoccupations dans les textes de Martin (l’article du Spécial animation de Cinéma 65 «Résumé des chapitres suivants» qui ne fait pas parti de l’édition de Clarens) datait donc de 1965. Éa faisait donc un bon moment que ces idées germaient en lui et que sa rupture avec le cours que prenait alors la nouvelle animation se préparait.