Hier j’ai reçu un mail bien triste de mon ami Hervé. Il me faisait suivre un communiqué du président de l’Université Paris Vlll:
«Nous avons la tristesse de vous faire part du décès, ce matin, d’Henri Meschonnic. Universitaire de renommée internationale, théoricien du langage et de la littérature, traducteur, poète, il était entré au Centre universitaire expérimental de Vincennes en 1969 et avait participé à sa fondation. Il poursuivit une brillante carrière à l’Université Paris 8 dont il avait été vice-président du Conseil scientifique de 1989 à 1993 et directeur de l’Ecole doctorale « Disciplines du sens » (actuellement « Pratiques et théories du sens »), qu’il avait fondée en 1990. L’ensemble de notre communauté lui rend hommage et exprime à ses proches toute sa sympathie. L’inhumation aura lieu mardi 14 avril à 15 heures au Père Lachaise.»
Cette nouvelle m’a grandement atristé. J’ai découvert l’oeuvre d’Henri Meschonnic en 1988 avec la parution de Modernité Modernité. Cette lecture m’a amené à lire assidument tous les livres qui ont suivi et la pluspart de ceux qui avaient précédé, tant l’oeuvre théorique que l’oeuvre poétique. Sans prétendre saisir l’ensemble de sa pensée, je ne saurais exagérer l’importance intellectuelle qu’il a eu pour moi tant sur le plan de ses idées sur la langue et la poésie que sur le plan de l’exemple d’une rigueur impitoyable. La ferveur et l’obstination avec lesquels il poursuivait sa recherche sans rien lâcher, depuis le premier filon, ont été pour moi une continuelle source de courage.
En novembre 2006, grâce à une bonne idée d’Hervé, avec quelques autres personnes, nous l’avons rencontré privément à Paris pendant quelques heures. J’étais très intimidé car, sur place, je me suis rendu compte que mon «cas» (chose étrange et improbable, un cinéaste d’animation qui affirme qu’une oeuvre aussi dure et austère a eu de l’importance pour lui) était plus ou moins au coeur de la rencontre. Je ne sais pas s’il s’y est dit des choses importantes ni s’il a gardé quelques souvenirs de cet après-midi là. Pour ma part, j’ai le souvenir d’un court échange où, après qu’il m’eut résumé l’essentiel de sa pensée, je lui ai dis que j’avais toujours eu le sentiment que pour lui cela était vital. Il a répondu non sans émotion que oui, c’était vital. Je garde précieusement deux livres dédicacés.