Lyon, 6 février 2011. – La semaine dernière à Lyon, tournage sur la place Carnot près de la Gare Perrache en prévision d’une autre capsule «Lieux et monuments». En venant à Lyon, je pensais plutôt tourner à la gare Saint-Paul que j’avais vue il y a une dizaine d’année lors d’un court séjour dans cette ville. J’avais le souvenir d’un lieu délabré et abandonné, survivance d’une époque révolue, qui en conséquence semblait convenir à mon projet. Je suis allé me promener de ce côté mardi dernier et j’ai été déçu. Ou bien j’étais trompé par une mémoire défaillante, ou bien le lieu avait changé….bref je trouvais quelque chose d’assez ordinaire sans le potentiel évocateur que je recherche. J’ai même pensé que ce n’était pas la bonne gare et j’ai arpenté en vain les rues du vieux Lyon en descendant jusqu’à Perrache à la recherche de cette image du passé. C’est ainsi que je suis arrivé par hasard sur la place Carnot.
Comme ce projet a à voir avec les frères Lumière (toujours un cadrage fixe et toujours un plan aussi long que ce que l’autonomie de ma caméra autorise, c’est à dire environ une heure, ce sont donc, d’une certaine façon, des «plans Lumière»), il m’apparaissait nécessaire de tourner quelque chose à Lyon, justement en mémoire des frères Lumière. Finalement, sans trop de conviction, j’ai pris quelques photos de la place Carnot, où sont placés côte à côte un grand monument «Gloire à la république» et un pauvre manège aux lumières clignotantes, qui s’active chaque fois qu’une maman installe sa progéniture dans une des voiturettes. L’association entre le monument et le manège me semblait pouvoir dire quelque chose sur l’état actuel de la démocratie française mais la vaste esplanade de la place, où des voyageurs vont et viennent constamment, me posait problème quant la possibilité de condenser et de manipuler ces images pour faire émerger leur potentiel allégorique. Impossible de tourner sans avoir au moins une hypothèse de traitement des images. J’ai pensé à quelque chose mais, quand je m’y suis rendu pour tourner vendredi après-midi, un camion malencontreusement stationné rendait impossible le cadrage que j’avais imaginé. J’ai dû trouver autre cadrage qui tenait compte de l’affluence ininterrompue des promeneurs sur la place. On verra.