L’installation «Seule la main…» fut montrée dans une très grande salle et avait un caratère nettement monumental. Étant donné le nombre d’écrans répartis sur trois murs. il aurait été difficile d’imaginer de la montrer dans un espace restreint, ce qui constituait un autre obstacle à sa diffusion plus large. Il est pensable de présenter Berlin avec quatre projections de grans format. L’effet serait certainement impressionnant, mais ce n’est pas ma solution préférée. Je privilégie une mise en espace plus intime avec quatre écrans plats placés côte à côte sur une ligne horizontale. Ce n’est pas une disposition très originale mais elle offre quelques caractéristiques essentielles. Du fait qu’il s’agit d’écrans plats d’une dimension qui ne doit pas être excessive (à la cinémath;que québécoise j’utilise quatre écrans de 32 pouces), cela permet au visiteur de s’approcher des écrans pour concentrer son attention sur certains des segments dont est composée l’installation, tout en n’étant jamais qu’à quelques pas d’une position de recul qui permette de contempler l’ensemble des quatre écrans. Autre aspect, comme chaque écran diffuse sa propre trame sonore, la circulation d’un écran à l’autre produit un mix naturel entre les sons émis par chaque écran. Donc une telle disposition permet de passer rapidement d’une posture où les rapports entre les images qui apparaissant sur les différents écrans dominent, à une autre posture où l’observation sur l’un ou l’autre écran de segments précis (qui prennent alors valeur de petits films distincts qu’ils sont presque) occupe toute l’attention du spectateur, elle entraine également une variation constante du volume relatif des quatre trames sonores.
Berlin – Le passage du temps / 03/01/2014
Après l’expérience de la présentation de l’installation Seule la main…, en 2009, quelques conclusions impératives s’imposaient à moi pour une future installation : 1- simplicité technique, c’est à dire que j’allais éviter de devoir synchroniser les différentes sources; 2- une conception de la structure de l’oeuvre qui tienne compte du fait, qu’au delà de tout controle, les visiteurs arrivent et repartent quand ils veulent, donc une installation qui n’aie ni début ni fin et dont on puisse saisir l’idée à partir d’un temps très réduit; 3- une grande maléabilité sur le plan du déploiement spatial, donc une installation qui puisse s’accomoder tant de projections à grande échelle à caractère immersif dans un volume important qu’une présentation très compacte sur écrans plats à laquelle un pan de mur de moins de trois mètres puisse suffire.
«Berlin – Le passage du temps» – 02/01/2014
«Seule la main…» fut une installation vidéo issue d’une série de performances qui consistaient à animer en direct un court texte «Seule la main qui efface peut écrire la vérité» (faussement attribué à Maitre Ekhardt, il semble) en autant de langues différentes que possible, présentées ou bien devant des locuteurs de chacune des langues, ou bien dans des lieux qui avaient à voir avec ces langues. Il y a eu au total une vingtaine de performances en autant de langues différentes un peu partout dans le monde. La dernière fut en langue arabe à Beyrouth, le 7 mai 2011. Elle fut consciemment la «dermière» car c’était lors d’une performance en français à Beyrouth devant les étudiants de l’université St-Joseph, le 29 mars 2007, que l’idée d’en faire un projet multilingue s’était imposée. Ce qui impliquait de devoir la faire un jour à Beyrouth en langue arabe pour clore l’expérience. L’idée d’en faire une installation vidéo a commencé à s’imposer lorsque je me suis mis à faire des performances à trois écrans, la nouvelle langue fait en direct étant accompagnée de chaque côté de la projection des captations de deux performances déjà faites. C’était déjà un mixte entre performance et installation.
Berlin – Le passage du temps / 01/01/2014
Tout en travaillant à la phase finale de mon installation vidéo Berlin – Le passage du temps, je suis en train de lire le livre de Raymond Bellour, La querelle des dispositifs, qui traite précisément de l’écart entre installation et cinéma et qui vise à définir une spécificité irréductible du cinéma. Cette lecture m’est très utile tant par son propos fondamental sur la différence entre le dispositif du cinéma (salle obscure et immobilisation du corps du spectateur) et les différents dispositifs d’installation ou d’exposition d’images en mouvement que par l’imposant répertoire d’installations qui sont décrites et commentées dans le livre. Je dois bien admettre mon manque de connaissance en ce domaine que, je m’en rend compte, j’aborde assez naïvement sans avoir vu beaucoup d’oeuvres. Je ne sais vraiment pas comment mon installation apparaîtra dans le monde multiforme de l’installation vidéo.
Berlin – Le passage du temps / 31-12-2013
Lieux et monuments, passé et présent, passants anonymes et fantômes de l’histoire se mêlent et se font écho dans l’installation vidéo Berlin ‘ Le passage du temps qui se déploie sur quatre écrans placés horizontalement. Quatre bandes vidéo inégales jouent en boucle et sont en constant glissement les unes par rapport aux autres, de sorte à créer une mise en relation toujours renouvelée de ces vues et de ces sons de Berlin.