Depuis quelques temps, j’ai entrepris la lecture du nouveau livre de Georges Didi-Huberman, La ressemblance par contact. C’est un livre sur le moulage et toutes les formes de reproduction ou de production d’images à l’aide de technique de contact direct ou d’impression. C’est fort intéressant. Ce qui a le plus attiré mon attention, ce sont d’abord les commentaires sur la sculpture Judith et Holopherne de Donatello où des éléments moulés sur le vif sont associés à d’autres éléments sculptés à la main. Cela m’a fait penser à l’idée d’«expression instrumentale» développée par André Martin dont il disait qu’elle avait un histoire millénaire mais sans rien préciser de cette histoire. Ce que Didi-Huberman désigne comme «audace euristique» et «ouverture du champ technique», sa référence aux «chaînes opératoires», qu’il oppose à la notion toute intellectuelle du «disegno» chez Alberti, me semble pouvoir faire partie de cette histoire millénaire de l’expression instrumentale.
Rencontre avec Pierre Juneau
Hier, j’ai rencontré Pierre Juneau au sujet de l’épisode canadien de la vie d’André Martin. Ce fut une rencontre très sympathique et très féconde. Voici la note que je viens d’envoyer à ce sujet à mon ami Hervé Joubert-Laurencin et à son étudiant au doctorat Nicolas Thys :
«J’ai eu une conversation de deux heures (à bâton rompu) avec Pierre Juneau hier après-midi. Il était très enthousiaste de pouvoir contribuer à une recherche sur André Martin qui a été un ami proche pour lui et pour qui il entretient toujours la plus grande admiration. La conversation a été enregistrée.
Le premier fait important de tout cela est qu’André Martin est venu au Canada la première fois en 1961 pour une rencontre internationale de cinéastes organisée par le Festival international du film de Montréal (auquel Pierre Juneau, alors directeur de production à l’ONF, était lié). Pierre Juneau connaissait ses articles des Cahiers sur McLaren qui l’avaient étonné et c’est sur la forte suggestion de Claude Jutras qu’il a invité Martin à cette rencontre. Ils sont devenus amis proches à cette occasion. Pierre Juneau m’a confirmé qu’à cette date André Martin était déjà intéressé par les travaux de Marshal MacLuhan et par toute la question de la télévision et de la mutation de ce qu’il appelait «les communications sociales». Avant cette conversation, la première mention que je connaissais de ces préoccupations dans les textes de Martin (l’article du Spécial animation de Cinéma 65 «Résumé des chapitres suivants» qui ne fait pas parti de l’édition de Clarens) datait donc de 1965. Éa faisait donc un bon moment que ces idées germaient en lui et que sa rupture avec le cours que prenait alors la nouvelle animation se préparait.
Nouveaux textes en ligne
Il y a longtemps que je n’ai pas écrit ici. En fait j’ai beaucoup écrit et travaillé sur des textes beaucoup plus longs que des entrées de blog. Dans ce travail de longue haleine, j’arrive non pas à la fin, loin de là, mais certainement à une étape. Il y a quelques jours, j’ai mis en ligne deux nouveaux textes assez longs que j’ai écrits depuis ma relecture des écrits d’André Martin en juillet dernier.. Le plus important est un texte commencé pendant la tournée européenne que j’ai faite entre le 20 janvier et le 8 février et que j’ai continué lors de mon retour ici. Il s’agit de L’idée de l’animation et l’expression instrumentale. C’est une sorte de manifeste.
Texte sur André Martin
Le texte de commentaires sur les écrits d’André Martin a pris des proportions auxquelles je ne m’attendais pas. J’ai consacré tout mon temps depuis la dernière entrée dans ce blog à ce travail. J’ai presque une vingtaine de pages d’écrites et il semble bien que le travail ouvre d’ore et déjà plusieurs pistes que je devrai suivre. Il va s’imposer que je consulte les textes d’après 1967 sur les nouvelles technologies de l’image. Il va également s’imposer que je fasse une recherche historiographique sur ce qui s’est écrit sur l’évaluation historique de cette période cruciale de l’histoire du cinéma d’animation (1955-1968), au moins consulter comment Bendazzi traite de cette période. Je devrai également visionner les deux films sur la télévision d’André Martin réalisés à l’ONF en 1966 et, dans cette foulée, peut-être relire McLuhan.
Les écrits d’André Martin
La lecture des écrits d’André Martin a été pour moi un événement de la plus grande importance. J’y ai passé de longues journées en soulignant tout ce qui me semblait important. J’ai ensuite transcrit tous les passages soulignés pour qu’ils soient plus faciles à retrouver dans la suite de mon travail. J’ai en effet l’intention d’écrire un texte sur le rôle de Martin dans l’incroyable explosion du cinéma d’animation (ce qui inclus l’invention même de l’appellation «cinéma d’animation») dans les années cinquante et soixante. Il est par ses écrits et par son action à la source de tout ce qui s’est passé par la suite (création des festivals d’animation, fondation d’ASIFA etc.). Par contre, il est loin d’être sûr que sa pensée ait été bien comprise, ni à l’époque ni maintenant. Je pense que l’axe principal de ce texte sera l’analyse de l’écart béant entre le texte-manifeste de 1952 «Dessin animé et pesanteur» et l’entrevue totalement désillusionnée de 1968 que Martin et Boschet avait accordé à «Image et son 207» en 1967. Il y a dans le parcours entre ces deux jalons de quoi comprendre ce qui est arrivé du cinéma d’animation de cette date jusqu’à aujourd’hui.
Colloque à l’INHA
20 juin 2008.- Je suis rentré de Paris depuis deux jours. Avant mon départ, la rédaction de ma communication m’a demandé plus de travail que je ne l’avais prévu. Au moment de m’inviter à participer au colloque, Hervé avait suggéré qu’un travail à partir de ma communication de Faro (devenue «Un cinéaste d’animation de la fin du cinéma») conviendrait. Éa paraissait facile puisque tout le propos était déjà plus ou moins élaboré. Cependant, la communication de Faro faisait cinquante minutes de lecture et pour le colloque de l’INHA, on me demandait 20 minutes. Il fallait donc éliminer complètement un certain nombre d’arguments et, en résumant ce que je conservais, cela donnait un exposé qui me semblait trop général et un peu ennuyeux.