Tentative de description instrumentale (autour de Triptyque et des exercices d’animation)

Ce texte a une ampleur à la quelle je ne m’attendais pas. Il a pris la forme d’une sorte de journal qui a accompagné, en plusieurs étapes, un projet de création qui a commencé en avril 2009 et qui, à ce jour, n’a pas encore atteint son terme, tout comme le texte d’ailleurs. Différents fils s’y entremèlent : des performances d’atelier, les performances publiques de Exercice d’animation et de Seule la main…, la production du film Triptyque, et le surprenant retour de la gravure sur pellicule en direct dans mon travail. Étant donné sa longueur et la forme qu’a prise sa rédaction, je l’ai divisé en plusieurs blocs, selon les entrées successives.

1- Genèse – Exercices d’animation

À la fin du mois d’avril 2009, je me suis rendu à San Francisco pour assister au MaxEXPO, une conférence internationale organisée par Cycling 74 autour de la constellation de logiciels Max-MSP-Jitter. Avec mon logiciel de performance, programmé dès 2001 par mon co-équipier Bob Ostertag, j’ai été un des premiers utilisateurs de Jitter, longtemps avant que celui-ci ne fût proposé sur le marché, dès les premières phases de son développement par Joshua Kit Clayton. Cela m’a valu une entrée gratuite au MaxExpo. Je me suis donc retrouvé à assister à plusieurs journées de présentations, très techniques pour la plupart, et j’ai fait face, une fois de plus, à mon éternel dilemme face à Max. (suite)

2- Élaboration du film

Mes exercices d’animation ont pris au cours des dernières semaines une tournure inattendue. Initialement, mes tentatives d’en faire un objet plus permanent, un «film», en les assemblant de diverses façons, s’étaient égarées dans des culs-de-sac. J’avais donc continué à faire ces performances d’atelier sans trop savoir vers quoi elles menaient, sinon des performances et des installations. Mais je suis fondamentalement un «cinéaste» et la question de l’aboutissement d’un travail sous forme «film» reste toujours présente en arrière-plan de tout ce que je fais, même si je ne m’y rends pas toujours. (suite)

3- Triptyque

Triptyque est maintenant un film. La preuve : le 19 août, j’ai reçu la nouvelle officielle de sa sélection au prochain Festival du Nouveau Cinéma tenu à Montréal au mois d’octobre 2009 et, ce lundi, premier septembre, j’ai déposé un disque dur avec un QT movie du film chez Vision Globale pour les transferts sur cassettes que je récupère demain.

Il y a toujours quelque chose d’arbitraire dans la décision de terminer un film, mais dans ce cas-ci plus que dans aucun autre. Après avoir écrit ce qui précède, j’ai continué le même travail de dosage, de ponctuation, de différenciation, couche après couche, laissant le film lentement dériver d’une forme à l’autre. Il se peut que je sois passé par plusieurs films différents au cours de cette itération dont rien ne m’assure qu’elle était vraiment terminée au moment de la clore. Il fallait tout simplement que ça cesse pour que je puisse passer à d’autres travaux qui devenaient très urgents. Cette entreprise est tellement extrême et radicale, que je n’ai pas beaucoup de critères sur lesquels m’appuyer pour juger de la fin de l’entreprise. (suite)

4- Exercices d’animation – suite

Aujourd’hui, je suis venu de Paris à Perugia pour rejoindre Bob et travailler à la création de Home, la nouvelle pièce de Living Cinema. À l’aéroport Charles de Gaule, j’ai commencé à rédiger ces notes complémentaires au sujet des exercices d’animation et par extension de Triptyque.

Je le savais mais cela m’est apparu plus nettement vendredi dernier au Théâtre de la Vieille Grille, à Paris, où divers petits pépins techniques, comme il en arrive à l’occasion, ont troublé ma concentration au moment de m’engager dans une performance d’Exercice d’animation. En effet, ces exercices d’animation sont fondamentalement une affaire de concentration, et même plus, de méditation et de fascination. La seule possibilité d’entrer dans la performance est que je réussissent le plus vite possible à pénétrer dans une sorte de cercle magique, sinon c’est l’arbitraire, l’éclectisme et le décousu. Toutes les capacités mentales doivent se mobiliser et se polariser dans le sens d’une sorte de méditation accélérée sur ces formes en auto développement qui partent de rien. Inutile ici de chercher à avoir un plan pour se rassurer. (suite)

5- Seule la main…

Le premier tour de piste est terminé pour Triptyque. Il a été projeté au Festival du nouveau cinéma de Montréal. J’ai eu la satisfaction de le voir projeté en HD, mais il y a eu très peu de spectateurs, 7 ou 8 la première fois et 16 la deuxième. C’est certainement décevant mais cela ne change pas grand chose au destin du film. Des amis proches l’ont vu, ce qui n’est pas rien mais je n’ai pas eu l’expérience du choc avec un public anonyme aucunement préparé à mon style de travail. J’aurais aimé voir comment la radicalité du film aurait été reçue. Mais ça sera pour une autre fois, peut-être aux Rendez-vous du cinéma québécois. Le film est maintenant distribué par Le Vidéographe et poursuivra son chemin. (suite)

6- De nouveau la gravure sur pellicule en direct.

Une des surprises des dernières semaines fut le retour de la gravure sur pellicule en direct dans le cadre de mes performances d’Exercices d’animation. J’avais accepté, sans trop réfléchir à la portée de cette acceptation, de faire une courte démonstration à Area Sismica après les deux performances avec mon dispositif numérique. Finalement, cela s’est transformé en un projet plus intégré et plus ambitieux : animer simultanément, ou plutôt alternativement, avec mon dispositif numérique et en gravure sur pellicule, passant d’un poste de travail à l’autre toutes les cinq minutes. Je crois me souvenir qu’il y a quelques années, mon ami musicien Jean Derome m’avait suggéré de faire une telle chose. Je n’avais pas donné suite. L’expérience de Area Sismica a été tellement excitante que de retour à Montréal, j’ai tout de suite proposé à Stefan Smulovitz et à NAISA (New Adventure in Sound Art) de faire la même chose à Toronto. J’ai également proposé d’intégrer de la gravure sur pellicule au sein de la performance conjointe avec Karl Lemieux à la Cinémathèque québécoise le 4 décembre. Ce n’est pas que ce que j’ai fait à Meldola et à Toronto soit si extraordinaire – en réalité ce fut un travail assez grossier et imprécis comparé à ce que j’étais en mesure de faire à l’époque, le manque de pratique a des conséquences – mais pour toutes sortes de raisons cela m’a tout de suite semblé comme une chose importante qui avait beaucoup de sens. (suite)

Lire le blog au sujet des exercices d’animation.

1- Genèse – Exercices d’animation

2- Élaboration du film

3- Triptyque

4- Exercices d’animation – suite

5- Seule la main…

6-De nouveau la gravure sur pellicule en direct