Installation vidéo «Scratch-2» – polyphonie de clignotements
Affiche de la Gallerie nationale d’art coontemporain de Chypre.
De 1976 à 1999, la technique d’animation de la gravure sur pellicule a été le centre de mon travail cinématographique. En 2000, je l’ai délaissée pour le numérique, convaincu de ne plus jamais y revenir. Le cours des choses m’a démenti. Depuis plus d’un an, j’ai senti le besoin de me réapproprier cette technique. Comme je ne voulais pas simplement reprendre les choses où je les avais laissées, j’ai entrepris un processus évolutif en vue de redéfinir mon approche. En mai 2016, j’ai publié sur Facebook une série de trente gif’s gravés sur pellicule, matière dont j’ai tiré un film, Scratch, triptyque-3, et une première installation vidéo montrée dans le cadre de l’exposition Hors pages au Centre Clark en janvier 2017. Il y a eu ensuite une performance présentée le 6 avril dernier à la Cinémathèque avec les musiciens Malcolm Goldstein et John Heward, dont la présente installation est le résultat direct.
Il s’agit d’un travail articulé autour de l’idée de «polyphonie de clignotements», idée qui m’est venue de l’analyse image par image du film Blinkity Blank de Norman McLaren. Cette étude m’a fait découvrir pour l’animation d’intermittences des ressources de subtilité et de complexité dont je ne me doutais pas. C’est donc inspiré à la fois par l’art McLarenien des clignotements dans Blinkity Blank et par la manière brute et physique de Len Lye dans Free Radicals – les deux films phares de ma jeunesse – que j’ai entrepris ce projet multiforme. L’idée polyphonique se joue d’abord au niveau de la succession des cadres où plusieurs registres d’intermittence se superposent. Elle s’exprime également par la juxtaposition des trois écrans qui composent l’installation, sur lesquelles tournent trois boucles de longueurs différentes. Il en résulte un incessant décalage entre les trois bandes et des combinaisons toujours renouvelées d’images et de sons. Le retour à l’état initial est de mille deux cents quatre-vingt onze jours, plus ou moins trois années et demi. Personne ne peut donc voir l’œuvre dans sa durée totale. À toutes fins pratiques, elle est sans début ni fin et chaque spectateur en a une expérience totalement singulière.
Présentations:
Mai 2017, première présentation à la salle d’exposition Norman McLaren, Cinématheque québécoise, Montréal; aout 2018; à l’Université de Montréal, pendant un séminaire intensif de deux semaines; mars 2019; à Lisbonne, Sociedade National de Bellas Artes, dans le cadre du festival d’animation Monstra; mai 2019 à la Galerie nationale d’art contemporain de Chypre; septembre 2019, Festival PHOS, Matane, Québec; aout 2021, exposition Animation and Contemporary Art, Taalinn, Estonie.
Crédits:
animation, montage image et son, réalisation : Pierre Hébert; fragments musicaux : Malcolm Goldstein (violon) et John Heward (batterie); enregistrement du son : Robert Langlois (Studio 270).
Scratch-2 à Lisbonne, Sociedade National de Bellas Artes, Traços de Luz, Festival d’animation Monstra, mars 2019.
Exigences techniques:
L’installation est conçu pour être préférablement présentée en projection tel qu’il fut présenté dans la grande salle d’exposition Norman McLaren, à la cinémathèque québécoise. Trois projecteurs vidéo sont nécessaires. Il s’agit de trois boucles de longueurs différentes avec chacune sa propre bande sonore. Chaque boucle doit donc tourner indépendamment de deux autres, sans synchronisation, et les trames sonores doivent être amplifiées et diffusées séparément. Une intense expérience immersive résulte de cette forme de présentation.
Il est également possible de diffuser l’œuvre sur trois écrans plats avec de bons résultats comme ce fut fait à la Sociedade National de Bellas Artes, à Lisbonne. Les écrans doivent être placés côte à côte et la trame sonore de chacunes des trois boucles doivent être également jouée et amplifiée séparément avec une spatialisation aussi perceptibleque possible. Si le son doit être joué par un systême stéréo (ça serait le cas par exemple si on utilise des écouteurs), les deux caneaux de l’écran de gauche doivent être joués à gauche, le canal gauche de l’écran central doit également être joué à gauche, le canal gauche de l’écran central doit être joué à droiie et les deux canaux de l’écran de droite, également à droite.
Texte de Fabrice Montal publié sur le site de «24 images»
Captation de la présentation à la Cinémathèque québécoise :
Simulation d’une heure et dix minutes de l’installation à trois écrans :