Le 8 janvier 2015, Tour de France à Utrecht
Dans cette troisième entrée de blogue, j’en arrive à ce qui m’occupe vraiment ces temps-ci. Pas seulement la tête, mais aussi les mains et presque tout mon temps. De longues heures de travail technique, jour après jour, comme c’est souvent le cas en animation. Il s’agit d’une nouvelle installation vidéo qui m’a été commandée par le Holland Animation Film Festival (HAFF [hyperlien : http://www.haff.nl/en/ ]), Grand départ – Tour de France à Utrecht. Le HAFF est un festival très intéressant et très singulier qui en est à sa 18ième édition. Il fut le premier festival d’animation à faire une vraie place aux films d’animation non-narratifs en instituant deux compétitions parallèles, films narratifs et films non-narratifs, et deux «grands prix» de valeurs égales. Au cours des années, il a également fait une place de plus en plus importante aux pratiques artistiques utilisant les techniques d’animation de façon non-conventionnelle, en présentant par exemple des performances et des installations. Je m’y suis produit trois fois : dès 1989, la performance de gravure sur pellicule en direct Adieu Leonardo en duo avec Robert Marcel Lepage, puis plus récemment, la performance multilingue Seule la main… (Alleen de hand…) en néerlandais et une version solo de 49 Flies. Le HAFF a également joué un rôle majeur pour faire connaître l’animation indépendante chinoise (notamment Sun Xun, Hayang Wang et Ray Lei) qui, en l’occurrence, est constituée surtout de pratiques d’artistes, entremêlées à la peinture, aux installations et à la musique. J’y étais en 2012 lors de la grande rétrospective chinoise et ce fut pour moi un moment de précieuses rencontres, de grandes découvertes et de grande inspiration.
L’installation Tour de France à Utrecht, comme son titre l’indique, prend prétexte du fait que cette année, le départ du Tour de France aura lieu à Utrecht au début du mois de juillet. L’installation sera inaugurée au moment du festival, le 18 mars, et se poursuivra jusqu’à la veille du Grand départ, au début juillet. Il s’agira d’un dispositif à deux écrans vidéo juxtaposés, des extraits de la matière principales seront présentés dans différents lieux de la ville le long du trajet de la course, selon des configurations qui pourront varier. Le 11 novembre dernier, j’ai d’ailleurs fait plusieurs tournages le long de ce trajet. Le contraste entre l’usage quotidien du vélo par les citoyens d’Utrecht (comme toutes les villes hollandaises, Utrecht est une ville de vélo) et l’événement sportif hyperbolique de grand spectacle qu’est le Tour de France va constituer le fil conducteur. Il s’agira d’un nouvel épisode de ma série Lieux et monuments, le no 7, qui se situe dans la continuité de l’installation Berlin – Le passage du temps qui a été montré dans le foyer Luce Guilbault de la Cinémathèque québécoise du mois de mars au mois d’août 2014. Je reviendrai sur différents aspects de ce qui m’intéresse dans ce travail, mais pour l’instant, je vous montre une première ébauche, très préliminaire, du plan central de l’installation, qui pour l’instant met simplement en relation une portion du tournage et un dessin fait à partir de l’image réelle. Par la suite, j’espère pouvoir vous présenter chaque semaine les différentes étapes de l’évolution de ce plan. Vous pourrez ainsi observer presque en direct le processus de démembrement et de reconstruction du tournage documentaire initial jusqu’au résultat final.