Le 7 janvier 2015, You look like me
Une autre histoire de tête. Ce film occupe encore une bonne partie de mon espace mental même s’il est terminé depuis le mois d’août, à peu près au moment où le projet Têtes démarrait sans que je ne le sache. Comme quoi… C’est une jolie histoire qui mérite d’être racontée, et qui m’émeut chaque fois que j’y pense. C’est un film qui est simplement arrivé, sans projet et sans budget, comme un miracle.
Au début du printemps dernier, j’ai trouvé dans mon Drop Box une trame sonore envoyée par René Lussier que j’avais très peu vu depuis les années 80 où nous avions pas mal travaillé ensemble. Un revenant! Cet objet avait déjà une drôle d’histoire. Il s’agissait d’un texte de Paule Marier, écrit il y a une dizaine d’années, dont René a fait une chanson il y a deux ans pour son album Toucher une âme. Frappé par la force et la beauté du texte, Jim Corcoran l’a traduit en anglais et l’a enregistré, pas comme chanson mais comme texte lu, simplement. Il a envoyé l’enregistrement à René pour voir ce qu’il en pensait. René a refait une nouvelle musique autour de la voix de Jim. Heureux du résultat, les deux se sont demandé quoi faire avec ça, comment diffuser cette piste de cinq minutes qui n’était même pas une chanson. C’est ainsi que l’hypothèse d’un film est apparue et que j’ai reçu leur travail comme un cadeau à un moment où, en principe, j’étais déjà trop occupé pour entreprendre quoi que ce soit. Mais j’ai été saisi. Comme je travaille vite (je n’ai pas la patience proverbiale des animateurs) et que je disposais de plusieurs heures de captation de performances d’animation en direct sur le thème du visage, j’ai rapidement fait une première maquette qui leur a plu. Du coup, j’ai tout mis de côté et j’ai passé l’été à peaufiner You look like me. Par la suite, nous avons bouclé la boucle par une version française (Tu ressembles à moi) avec la voix de Paule Marier. Pas vraiment une «version», mais un autre objet avec sa propre valeur émotive féminine. C’est une belle histoire de collaboration spontanée où, les uns après les autres, nous avons pris le relais par simple conviction et plaisir. Le prix Guy L. Côté du meilleur film canadien aux Sommets du Cinéma d’animation en décembre est venu couronner le tout. Au mois d’octobre, nous l’avions mis gratuitement en ligne et il y a déjà pas mal de visionnement, rien comme pour les vidéos viraux de chats savants qui encombrent Facebook, mais quand même!