La lecture des écrits d’André Martin a été pour moi un événement de la plus grande importance. J’y ai passé de longues journées en soulignant tout ce qui me semblait important. J’ai ensuite transcrit tous les passages soulignés pour qu’ils soient plus faciles à retrouver dans la suite de mon travail. J’ai en effet l’intention d’écrire un texte sur le rôle de Martin dans l’incroyable explosion du cinéma d’animation (ce qui inclus l’invention même de l’appellation «cinéma d’animation») dans les années cinquante et soixante. Il est par ses écrits et par son action à la source de tout ce qui s’est passé par la suite (création des festivals d’animation, fondation d’ASIFA etc.). Par contre, il est loin d’être sûr que sa pensée ait été bien comprise, ni à l’époque ni maintenant. Je pense que l’axe principal de ce texte sera l’analyse de l’écart béant entre le texte-manifeste de 1952 «Dessin animé et pesanteur» et l’entrevue totalement désillusionnée de 1968 que Martin et Boschet avait accordé à «Image et son 207» en 1967. Il y a dans le parcours entre ces deux jalons de quoi comprendre ce qui est arrivé du cinéma d’animation de cette date jusqu’à aujourd’hui.