Le but premier de ce voyage était d’assister à la conférence Max EXPO organisée par Cycling 74, autour des logiciels Max, MSP et Jitter. A priori, je me sentais un peu comme un étranger à cet événement, car bien que je sois un utilisateur de Max et Jitter depuis 2001, je ne suis nullement un programmateur Max. Malgré plusieurs tentatives, je ne me suis jamais rendu au bout de l’apprentissage de Max, en tout cas, jamais assez loin pour pouvoir programmer moi-même. Il y a la dedans une part de paresse car Bob était là pour programmer mon «patcher» et a toujours été assez disponible pour y introduire les changements que je souhaitais. Il y a un peu plus de deux ans, j’ai obtenu une bourse du CALQ (Conseil des arts et des lettres du Québec) avec laquelle j’ai pu payer Andrew Benson de Cycling 74 pour écrire du code en Java Script et transférer le traitement des images du cpu à la carte graphique, ce qui m’a permis de travailler en direct à 640 pixels par 480 pixels alors qu’auparavant j’en étais réduit à 320 X 240. Mais je suis toujours resté incapable de faire ça moi-même. Je suis tout juste arrivé à connaître suffisamment le langage de programmation pour pouvoir demander des choses «faisables» à ceux qui programmaient pour moi.
À la conférence, la plupart des présentations étaient trop pointues pour moi, elles s’adressaient à des programmeurs et même dans certains cas à des développeurs. Mais j’arrivais quand même à suivre en général. Les présentations qui m’ont été plus accessibles ont été celles ou des artistes ou des musiciens présentaient des Éuvres utilisant Max. J’ai particulièrement apprécié les Éuvres et la présentation de Barney Haynes. Éa a été l’occasion de revoir Josh Kit Clayton sans qui l’aventure de performances des 9 dernières années n’aurait pas été possible, ainsi qu’Andrew Benson qui a l’occasion du travail mentionné plus haut a suggéré une nouvelle architecture du «patcher» qui aura été essentielle à l’usage que j’en fais encore aujourd’hui. J’ai également pu faire la connaissance de David Zicarelli au sourire énigmatique d’extra-terrestre qui est l’initiateur et le grand patron de Cycling 74. J’ai également pu m’immerger totalement dans un univers de véritable «computer geeks» et goûter au charme douteux de cette sous-culture un peu déroutante.
Bob et moi faisions partie de la programmation de l’événement en présentant une performance lors de la soirée de clôture. Ce fut une chose qui au bout du compte s’est passée assez simplement mais après avoir fait un parcours assez compliqué. Bob souhaitait depuis un moment que nous fassions une performance sur la crise financière avec une maison de poupée. Il en avait une sur E-Bay, que nous devions utiliser pour la performance de vendredi soir. La maison est arrivée à la dernière minute et elle ne convenait pas. Elle n’était pas assez frontale et correspondait assez peu à l’image classique de «la maison de poupée». On a cherché autre chose en ligne et on a finalement trouvé une maison de poupée de style victorien toute équipée, meubles et personnages. Mais il était trop tard pour la faire livrer. Il a donc fallu aller assez loin en banlieue de San Francisco pour trouver un Thes-o-rus qui l’avait en stock.
Mais au bout du compte, lorsque nous nous sommes rendus au CNMAT (Center for New Music and Audio Technologies) à Berkeley, où la performance devait avoir lieu, on a dû constater qu’il n’y avait pas assez d’espace dans cette petite salle pour installer notre monstre et tout ce qui l’entourait (ventilateur, machine à brouillard, déchiqueteuse de papier, caméras, etc.), que le temps d’installation prévu n’était pas suffisant et que, pour dire vrai, nous n’étions pas suffisamment préparés pour cette performance assez complexe.
Nous avons donc décidé de faire tout simplement une improvisation avec le minimum de matériel. La chose restait tout de même un peu redoutable. Il s’agissait d’une performance devant un petit public (une soixantaine de personnes) essentiellement composé de spécialistes de Max, MSP et Jitter, dont certains des noms connus de la musique par ordinateur. Finalement, ça a très bien marché et ce fut un succès éclatant. Il semble bien qu’ainsi notre projet Living Cinema a gagné une vraie reconnaissance dans la constellation Max..
Cette semaine à San Francisco a donc été bien fructueuse : une version de Seule la main… en langue Paiute, une performance à Max EXPO (que vraisemblablement nous pouvons considérer comme une nouvelle pièce présentable dans certaines conditions), et le point de départ de la nouvelle pièce «Home» sur la crise financière et immobilière (avec la maison de poupée) dont nous ferons vraisemblablement la première mondiale à Perrugia en Italie en septembre prochain.