Tropismes

Il y quelques jours, je suis arrivé au no 100 de ma série de dessins Tropismes dédiée à la mémoire de l’écrivaine française Nathalie Sarraute. C’était un objectif que d’en faire une série aussi longue, avec l’intention après le centième dessin de passer à un format de feuille plus grand. Toute cette série a été faites sur des feuilles 22.9 x 30.5 cm. J’envisage maintenant de continuer sur des feuilles 27.9 x 35.5 pour assez rapidement passer à un format cm 45.7 x 61 cm.

J’ai déjà mentionné que la série Tropismes va mener à une performance du même titre. Je me suis en effet engagé à la présenter en juin prochain à Montréal avec la clarinettiste Lori Freedman et à Guimarães au Portugal avec le harpiste Eduardo Raon, deux musiciens qui ont été associés à la performance «49 flies». Mais ce qu’il y a de particulier en ce moment, c’est que mon activité de dessin («dessin» au sens le plus large, car ce que je fais est de plus en plus «painterly» comme on dit en anglais) prenne une place vraiment indépendante par rapport à mes autres activités de cinéma et de performance et qu’elle se poursuive pour elle-même en ses propres termes, ce qui ne m’était jamais arrivé.

De ce point de vue, le changement de format est vraiment significatif. Il correspond à plusieurs ordres de préoccupations. Il y a d’abord le fait qu’avec le changement d’échelle les images gagnent une présence plastique, une intensité visuelle plus grande. Cela va un peu de soi. Ensuite, cette décision s’impose parce que je crois avoir acquis une conscience suffisante de mes intentions picturales, qui me permette d’appréhender et de traiter une surface plus grande. Les petits formats s’exécutent beaucoup plus rapidement et permettent de passer rapidement d’un dessin à l’autre sur un mode exploratoire. Les formats plus grands vont m’obliger, je présume, à m’attarder plus longtemps sur chaque image et à faire un travail plus en profondeur. Finalement, cela pose le problème du médium. Un peu par accident (et non par goût ni par choix), j’ai utilisé jusqu’à maintenant le pastel sec auquel je me suis finalement accoutumé. J’ai longtemps cru que si le pastel pouvait aller pour des dessins de petit format, le changement d’échelle ne serait possible qu’avec un changement de medium (passer à la gouache ou à l’acrylique par exemple). Le cours du travail semble indiquer le contraire. Pour un certain temps, je vais continuer avec le pastel avec lequel j’ai maintenant ma manière. Les dessins les plus récents semblent d’ailleurs s’ouvrir sur la possibilité et même la nécessité d’un changement de dimension tout en conservant le même médium.

Il reste la question de quoi faire de tout cela. Il n’y a pour l’instant aucune perspective d’exposition personnelle. La dimension exploratoire de ce travail reste dominante. Néanmoins, tous mes dessins sont visibles sur ce site et un bon nombre sont présentés sur ma page Facebook où je mets un dessin par jour depuis quelque temps. Également, une série d’une vingtaine de dessins fera partie de l’exposition collective «Tonspur_a tribute to John Cage» en célébration du centième anniversaire de naissance de Cage, au Museumsquartier à Vienne du 16 février au 6 mai 2012. Toujours en rapport avec cette activité plasticienne, au cours du dernier mois, j’ai longuement médité sur les Éuvres de Bram van Velde et de Cy Twombly. Au risque d’en être trop influencé.

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