Berlin – Le passage du temps / 01/01/2014

Tout en travaillant à la phase finale de mon installation vidéo Berlin – Le passage du temps, je suis en train de lire le livre de Raymond Bellour, La querelle des dispositifs, qui traite précisément de l’écart entre installation et cinéma et qui vise à définir une spécificité irréductible du cinéma. Cette lecture m’est très utile tant par son propos fondamental sur la différence entre le dispositif du cinéma (salle obscure et immobilisation du corps du spectateur) et les différents dispositifs d’installation ou d’exposition d’images en mouvement que par l’imposant répertoire d’installations qui sont décrites et commentées dans le livre. Je dois bien admettre mon manque de connaissance en ce domaine que, je m’en rend compte, j’aborde assez naïvement sans avoir vu beaucoup d’oeuvres. Je ne sais vraiment pas comment mon installation apparaîtra dans le monde multiforme de l’installation vidéo.

Le dispositif multiécran dont le me sert (quatre écrans plats en ligne) est délibérément simple (peut-être simpliste) et ne témoigne pas d’une grande inventivité je le compare à nombre de dispositifs interactifs techniquement beaucoup plus complexes documentés dans le livre de Bellour. Le fait est que je ne me suis pas intéressé à la forme «installation vidéo» pour elle-même, par une certaine attirance par cette façon de travailler, mais plutôt parce que une telle excursion apparaissait comme nécessaire dans le cours de mon travail de cinéaste. Comme ce fut le cas à l’origine de mes performances, il s’agit également, bien pragmatiquement, de pallier au fait que mes films un peu hors norme trouvent mal leur place dans les différents types de salles de cinéma et que je reste perpétuellement insatisfait de la formule «programme de courts-métrages» qui associent des films divers d’une façon souvent arbitraire et peu favorable, les mettant dans un contexte qui n’a le plus souvent rien à voir avec leur forme et leur propos. Mon texte sur l’exposition du film Mamori de Karl Lemieux au Musée d’Art contemporain de Montréal (Mamori, mise en exposition du cinéma), traite entre autre de cette question du contexte le plus favorable à la présentation de courts métrages qui présentent une approche paradoxale de la durée. Ce n’est bien sûr pas la seule raison.

Il s’agit donc de ma deuxième installation. La première, Seule la main… avait été montrée en décembre 2009 dans la salle Norman McLaren de la Cinémathèque québécoise. Elle se situait dans le prolongement d’une série de performances. Celle sur laquelle je travaille présentement est dans le prolongement du projet Lieux et monuments qui pour l’instant est une série de courts-métrages, mais elle tient compte également des leçons de la première installation. (à suivre)

Comments are closed.