Berlin – Le passage du temps / 14/01/2014

Il y a donc une double articulation des divers éléments dans l’installation. Il y a d’abord ce qui fait que les quatre écrans puissent former un tout et soient tenus ensemble par une forme qui repose sur les liens thématiques entre les écrans (par exemple le fait que des échos d’un des segments principaux apparaissent sur un autre écran) ou encore sur le fait que certains caratères relient des segments nettement différent par ailleurs (par exemple les thèmes des clotures en fil de fer, des gravats, des containers, des grues ou des bicyclettes), ou finalement, de façon plus formelle, sur des liens dynamiques fondés sur l’apparition de points d’intensité qui se répondent d’un écran à l’autre (par exemple, tout ce qui évoque le tournage de la ville à partir des trains aériens).

Il y a ensuite, comme deuxième niveau d’articulation, tout ce qui peut attirer le visiteur à s’intéresser à ce qui se passe sur un écran en particulier. Deux types d’éléments sont susceptibles d’accomplir cela. Il y a d’abord les inscriptions typographiques qui peuvent provoquer une sorte de suspension du déroulement temporel pour permettre la lecture, activité qui se base sur une posture très différente. C’est le cas particulièrement pour les deux extraits du texte de Walter Benjamin sur l’ange de l’histoire et le progrès, tirés des Thèses sur le concept d’histoire, qui demandent véritablement que le visiteur s’arrète pour les lire. C’est également le cas mais d’une manière différente pour le sous-titrage des propos partiellement inaudibles du cycliste dans le segment sur le Stadtschloss. Les inscriptions plus courtes mentionnant le nom des lieux ou les dates, ont une double valeur solliscitant à la fois la posture du lecteur mais agissant aussi comme marque d’intensité.

La principale sollicitation à s’approcher des écrans vient cependant des quelques segments qui ont une construction beaucop plus serrée que les autres et qui donnent beaucoup plus à voir que ce que peut satisfaire un simple visionnement à distance. Au delà de leur insertion dans le flot global de l’installation, ils se présentent comme autant de petits films presqu’autonomes qui peuvent être vus séparément. Les plus marquant de ces segments sont le Stadtschloss (certainement le plus développé qui constitue le coeur de l’installation), l’aéroport de Tempelhof et l’église sans clocher Genezareth, qui ensemble forment un unique segment, la Bertolt-Brecht-Platz, la Walter-Benjamin-Platz, les trois morceaux de mur sur Rudolstrasse, et le segment de mur et le pigeon sur Postdamerplatz.

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