Berlin – le passage du temps / 05/01/2014

L’installation «Seule la main…» fut montrée dans une très grande salle et avait un caratère nettement monumental. Étant donné le nombre d’écrans répartis sur trois murs. il aurait été difficile d’imaginer de la montrer dans un espace restreint, ce qui constituait un autre obstacle à sa diffusion plus large. Il est pensable de présenter Berlin avec quatre projections de grans format. L’effet serait certainement impressionnant, mais ce n’est pas ma solution préférée. Je privilégie une mise en espace plus intime avec quatre écrans plats placés côte à côte sur une ligne horizontale. Ce n’est pas une disposition très originale mais elle offre quelques caractéristiques essentielles. Du fait qu’il s’agit d’écrans plats d’une dimension qui ne doit pas être excessive (à la cinémath;que québécoise j’utilise quatre écrans de 32 pouces), cela permet au visiteur de s’approcher des écrans pour concentrer son attention sur certains des segments dont est composée l’installation, tout en n’étant jamais qu’à quelques pas d’une position de recul qui permette de contempler l’ensemble des quatre écrans. Autre aspect, comme chaque écran diffuse sa propre trame sonore, la circulation d’un écran à l’autre produit un mix naturel entre les sons émis par chaque écran. Donc une telle disposition permet de passer rapidement d’une posture où les rapports entre les images qui apparaissant sur les différents écrans dominent, à une autre posture où l’observation sur l’un ou l’autre écran de segments précis (qui prennent alors valeur de petits films distincts qu’ils sont presque) occupe toute l’attention du spectateur, elle entraine également une variation constante du volume relatif des quatre trames sonores.

La disposition en projection de grand format ne permet pas cette alternance de point de vue, du moins pas de la même façon ni avec le même équilibre, elle ne peut que générer un effet immersif qui n’est pas vraiment l’objectif de cette oeuvre même si elle pourrait s’en accomoder. La disposition en carré, qui est également possible et qui a l’avantage d’occuper un espace beaucoup plus réduit, reproduit la disposition adoptée pour la version web de l’installation (sur l’écran d’ordinateur la disposition 2 x 2 est en fait la seule possible et c’est ce qui a déterminé le nombre d’écrans utiilisés par l’installation). Cependant, avec cette disposition, c’est le jeu des relations entre les différents écrans qui domine nettement et il y est beaucoup plus difficile de faire abstraction de la multiplicité des écrans pour se concentrer sur un écran particulier. Cette disposition entraîne également une position statique du spectateur, excluant à toute fin prtique la déambulation, et sur le plan sonore, elle n’autorise qu’un mix stable, sans variantes, des différentes pistes. Aussi bien alors mettre des chaises devant les écrans. C’est donc la solution médiane de quatre écrans en ligne horizontale qui correspond le mieux à la façon dont sont organisées les bandes projetées et au comportement souhaité des visiteurs. Il ressort de ceci également qu’il ne s’agit pas d’un type d’installation qui propose une organisation quasi scupturale de l’espace. Le tout est mis devant le spectateur sur le mur auquel il fait face, ce qui constitue une organisation de l’espace qui ne se démarque ni de l’écran de cinéma, ni de la cimaise d’un espace d’exposition. Seule la disposition des quatre écrans côte à côte induit une possibilité de circulation tant en largeur qu’en profondeur, qui a un sens.

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