Rencontre avec Pierre Juneau

Hier, j’ai rencontré Pierre Juneau au sujet de l’épisode canadien de la vie d’André Martin. Ce fut une rencontre très sympathique et très féconde. Voici la note que je viens d’envoyer à ce sujet à mon ami Hervé Joubert-Laurencin et à son étudiant au doctorat Nicolas Thys :

«J’ai eu une conversation de deux heures (à bâton rompu) avec Pierre Juneau hier après-midi. Il était très enthousiaste de pouvoir contribuer à une recherche sur André Martin qui a été un ami proche pour lui et pour qui il entretient toujours la plus grande admiration. La conversation a été enregistrée. Le premier fait important de tout cela est qu’André Martin est venu au Canada la première fois en 1961 pour une rencontre internationale de cinéastes organisée par le Festival international du film de Montréal (auquel Pierre Juneau, alors directeur de production à l’ONF, était lié). Pierre Juneau connaissait ses articles des Cahiers sur McLaren qui l’avaient étonné et c’est sur la forte suggestion de Claude Jutras qu’il a invité Martin à cette rencontre. Ils sont devenus amis proches à cette occasion. Pierre Juneau m’a confirmé qu’à cette date André Martin était déjà intéressé par les travaux de Marshal MacLuhan et par toute la question de la télévision et de la mutation de ce qu’il appelait «les communications sociales». Avant cette conversation, la première mention que je connaissais de ces préoccupations dans les textes de Martin (l’article du Spécial animation de Cinéma 65 «Résumé des chapitres suivants» qui ne fait pas parti de l’édition de Clarens) datait donc de 1965. Ça faisait donc un bon moment que ces idées germaient en lui et que sa rupture avec le cours que prenait alors la nouvelle animation se préparait.

Autre fait important, il est resté au Canada beaucoup plus longtemps que je le croyais après avoir réalisé ses deux films à l’ONF et la recherche sur les pionniers de l’animation américaine, donc après 1967. Pierre Juneau a pris la direction du CRTC (organisme canadien de gestion de la radio-télévision) vers 1965 et il a fait engagé André Martin comme directeur du service de recherche qui a été créé à cette occasion et qui est plus ou moins disparu après le mandat de M.
Juneau. Après ces deux années où je l’ai connu et ou il campait seul dans un appartement prèté, il est retourné en France et est revenu avec sa famille pour s’installer ici et occuper ce poste de direction au CRTC pendant plusieurs années. Je ne savais pas cela. Je n’ai pas les dates précises de toutes ces choses mais Pierre Juneau va me préparer une chronologie précise des différentes phases de la présence de Martin au Canada. Il va également me mettre en contact avec certains des anciens collègues de Martin au service de la recherche du CRTC qui pourrons mieux me dire ce qu’il y faisait précisément.»

Si j’ajoute à ceci les entrevues que je fais régulièrement avec mon vieil ami René Jodoin, me voici embarqué dans un véritable travail d’historien ! Je revois René vendredi prochain pour une quatrième session.

Hier, j’ai visionné la performance de Seule la main… en langue paiute faite à UC Davis et, ma foi, elle est bien meilleure que je pensais. Je n’aurai pas besoin de la refaire. Par ailleurs les informations que j’ai de la Cinémathèque québécoise laissent entendre qu’il y a de très bonnes chances que l’installation vidéo Seule la main… avec neuf projections simultanées aura bien lieu en novembre prochain.

J’ai également fait hier le premier d’une série d’exercices d’animation, sorte de performances en atelier. Je vais essayer d’en faire plus ou moins tous les jours pour voir où ça va me mener. C’est une idée que j’ai eu pendant le Max EXPO à San Francisco. Cela consiste à radicaliser complètement l’utilisation de mon dispositif de performance et de travailler avec le plus petiti nombre d’images possible. Pour le premier exercice, j’ai utilisé un seul «buffer» de vingt-quatre images ce qui a comme conséquence qu’après avoir dessiné les vingt-quatre premières images, les dessins subséquents s’enregistraient par dessus les premiers dessins faits, de sorte que l’ensemble des vingt-quatre images étaient en constant renouvellement. Ce petit ensemble d’images en constante évolution était soumis à des processus aléatoires simples de permutation des images. C’est une sorte de reprise de Op hop mais avec un stock d’image qui n’est pas fixe. Le cours de l’exercice a été un peu laborieux mais le résultat est tout a fait encourageant. J’ai trouvé que le nombre d’image pourrait être réduit. Je vais essayer avec un «buffer» de dix-huit images.

Comments are closed.